Les rumeurs du Nil

SOMEHOW YOU WILL, YOU WILL WHEN YOU BELIEVE
Le Nil à ses secrets, Lucy aussi

De : Sally Beauman Edition :   JC Lattès (2014) Pages : 529 Premières impressions :Une couverture magnifique avec les pyramides et un bleu turquoise splendide. Les personnes sont habillés à la mode des années 20. Il me tarde d'écouter les rumeurs du Nil et de découvrir avec Howard Carter le tombeau de Toutankhamon. Une visite dans le pays de mes rêves avant la montée du tourisme. Il me tarde de commencer cette lecture. Une chanson pour illustrer : Deliver us de Prince of Egypt

CE QUE DIT LA 4EME DE COUVERTURE

Envoyée en Égypte en 1922 pour se remettre de la mort de sa mère, la petite Lucy, onze ans, est prise dans l’effervescence qui entoure la recherche obsessionnelle du tombeau de Toutânkhamon. Sa rencontre avec Frances, la fille d’un archéologue américain, bouleverse son existence. Alors que les deux fillettes épient les adultes pour percer à jour les secrets qu’ils gardent jalousement, se forge entre elles un lien d’amitié indestructible. Des décennies plus tard, hantée par les fantômes et les erreurs de son passé, Lucy les exhume pour tenter de donner un sens aux étranges événements qui se sont déroulés au Caire et dans la Vallée des Rois. Et pour la première fois de sa vie, elle réussit à affronter ce qui s’est passé après l’Égypte, au moment où Frances avait le plus besoin d’elle.

MON AVIS

Le souffle du désert balaye l’Histoire d’un seul mouvement, le regard que nous portons à notre passé n’est qu’un furtif coup d’œil sur des trésors enfouis. On cherche tous à faire le voyage pour remonter le temps, se faire bercer sur le Nil à bord d’une felouque et cela sous l’hospice du dieu Hâpy. Un instant intensif pour redécouvrir le passé d’une civilisation bénie par les dieux.
Les rumeurs du Nil est une invitation dans ce monde aux milles saveurs orientales, aux énigmes archéologiques, aux rencontres inoubliables.
Une aventure dédiée à la vie, à travers des personnages passionnés et passionnants mais aussi à travers la culture égyptienne et sa croyance de l’au-delà, du livre des morts.

Sally Beauman nous livre plus qu’un roman sur une fouille historique, le lecteur est l’invité privilégié d’un monde fermé : celui des archéologues, celui de ces hommes qui vont mettre à la connaissance de tous, le tombeau d’un pharaon méconnu, le jeune Toutankhamon.

C’est dans cet univers particulier que notre héroïne Lucy va former son éducation mais aussi apprendre à préserver des amitiés et des secrets.

Toutefois même si le lecteur se prend à suivre la découverte du plus fameux des pharaons, l’intrigue repose surtout sur son héroine : Lucy. Sally Beauman a pris le parti de présenter Lucy à des différentes périodes de sa vie. Comme pour l’histoire, le lecteur voit défiler les années pour notre héroïne.
C’est une vieille dame de plus de quatre vingt dix ans qui nous confesse ses mémoires et ses souvenirs, qui par le biais du reportage sur Toutankhamon, rouvre le livre de ses morts.
Lucy est une jeune fille de onze ans lorsqu’elle découvre l’Egypte et la Vallée des morts. Elle est envoyée dans cette terre chaude pour favoriser sa convalescence. En effet, cette jeune britannique est une rescapée du Typhus, maladie qui a emporté sa mère Marianne. C’est donc affaiblie et endeuillée que notre adolescente va découvrir un monde où le mystère va de paire avec l’histoire.
Par ses rencontres notamment ses amis : Frances, Rose et Peter, la jeune fille va côtoyer l’élite présente sur les bords du Nil. Des amitiés scellées dans le secret, la confiance mais aussi la peine. Des amitiés durables que l’on suit jusqu’au retour à Cambridge de la jeune fille et même bien après.
Lucy est une héroïne attachante qui n’est pas épargnée par la vie. J’ai autant aimé la jeune fille à onze ans, que celle de plus de quatre vingt dix ans. Un personnage sincère qui garde les secrets avec détermination, solitaire dans l’âme : elle est comme une île au milieu du désert.
Frances aura certainement les faveurs du lecteur, une jeune fille spontanée, curieuse et espiègle. L’amitié entre Lucy et cette dernière, est sincère ; j’ai rarement lu une relation aussi belle.

A son retour en Angleterre, Lucy doit continuer à vivre. J’ai beaucoup aimé la construction de sa relation avec Nicola, un personnage que l’on apprend à aimer au fur et à mesure. Un personnage très moderne pour l’époque. Oui, car l’histoire va au delà de la découverte égyptienne, notre héroïne nous partage aussi sa vie aussi en Grande Bretagne.
Même si cette partie n’est pas celle mis le plus en avant, j’ai apprécié connaître la jeune femme amoureuse, découvrir le personnage adulte. On est loin de l’Egypte, pourtant on sent que ce territoire continue à exercer son influence.
L’Egypte aura été la terre de sa renaissance et même après ce voyage initiatique, la jeune femme restera attaché à cette terre aux croyances occultes.

Les secrets, Lucy en a même pour ses amis. D’ailleurs, j’ai cherché à connaître ce secret qu’elle cache depuis plus de soixante ans à son amie Rose et la révélation bien que simple est très émouvante, on regrette presque de la connaitre.
Mais notre héroïne n'est pas la seule à en avoir, le Nil aussi à ses mystères. L'auteur évoque sans rentrer dans les détails, la malédiction de Toutankhamon.

Grâce à ses rencontres, notre personnage principal sera le témoin d’un moment historique dans cette Vallée que fouille Lord Carnarvon et son égyptologue Howard Carter.
Les chapitres sur la découverte sont haletants, très bien documentés. Sally Beauman fait revivre sous sa plume, des personnages historiques avec finesse et justesse. On apprend à connaitre les femmes autour de ces explorateurs mais aussi les humeurs de « ses rois du sable ». Un travail qui m’a bluffé et qui m’a replongé dans mon enfance, lorsque j’ai vu le reportage sur la découverte du tombeau.
J’ai un rapport très particulier avec l’Egyptologie, c’est cette passion qui m’a poussé à faire des études d’histoire et d’histoire de l’art (malheureusement pas dans cette période). Même si l’Egypte et le phénomène touristique autour lors de ces années découvertes n’est qu’un prétexte pour le sujet principal, je ne peux que féliciter Sally Beauman qui a su faire revivre un moment avec autant de précisions.

L’émotion est très présente dans Les rumeurs du Nil, la succéssion entre le présent et le passé augmente ce sentiment. On se rend rapidement compte que les rencontres de Lucy, n’ont rien d’un hasard.

Les rumeurs du Nil est très beau roman. J’aurais peut être préféré avoir plus de détails sur Lucy à son retour d’Egypte.
Un roman que je conseille vraiment pour l’atmosphère mystérieuse, l’exploration d’une terre riche en histoire mais aussi l’exploration de soi-même.
La plume de l’auteur est enchanteresse, j’espère avoir l’occasion de me replonger dans l’un de ses romans.

Un grand merci à Livraddict et aux éditions Jc Lattès pour l’envoi de cet ouvrage.


Lady Evelyn Herbert, Lord Carnarvon et Howard Carter

Me remémorant le récit d'Eve, je voyais la jeune femme effleurer le gros verrou des doubles portes de la chapelle extérieure, son père enfouir sa tête dans ses mains en se rendant compte que le sceau du verrou avait été brisé. J'imaginais Carter s'exhorter au calme puis, d'abord doucement, puis plus vigoureusement, faire glisser le verrou. J'entendais le long gémissement d'Eve, le soupir des hommes quand les portes s'ouvrirent. Elles masquaient une seconde chapelle funéraire, avec deux portes d'or, elles aussi fermées, avec des cordes cette fois, dont le sceau d'argile n'était pas brisé. Tous trois avaient contemplé le sceau un long moment dans un silence religieux. Puis Carter avait dit : - Il est intact. Les chapelles intérieures sont intactes. Il doit être là. Alors Carnarvon tomba à genoux et souffla : - Dieu du ciel… je l'ai.

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