Guerre et Paix

LE TEMPS QUI PASSE NE GUERIT DE RIEN NATACHA
La guerre des coeurs et la paix des âmes

De : Leon Tolstoi Edition :  Rencontre Lausanne (1961) Pages : 1854 Premières impressions : La couverture n'est pas celle que je dispose. Mon édition est celle de mon grand père, elle date de 1961 et est découpée en quatre volumes. Je suis curieuse de commencer cette saga qui a tant plu à mon grand père. Un roman dont le résumé me fascine, il me tarde de rencontrer Natacha, Pierre et André. Une chanson pour illustrer : The Promise of Things To Come de W & P

CE QUE DIT LA 4EME DE COUVERTURE

1805 à Moscou, en ces temps de paix fragile, les Bolkonsky, les Rostov et les Bézoukhov constituent les personnages principaux d'une chronique familiale. Une fresque sociale où l'aristocratie, de Moscou à Saint-Pétersbourg, entre grandeur et misérabilisme, se prend au jeu de l'ambition sociale, des mesquineries, des premiers émois. 1812, la guerre éclate et peu à peu les personnages imaginaires évoluent au sein même des événements historiques. Le conte social, dépassant les ressorts de l'intrigue psychologique, prend une dimension d'épopée historique et se change en récit d'une époque. La "Guerre" selon Tolstoï, c'est celle menée contre Napoléon par l'armée d'Alexandre, c'est la bataille d'Austerlitz, l'invasion de la Russie, l'incendie de Moscou, puis la retraite des armées napoléoniennes.

MON AVIS

Oh déjà fini ???!!!????!
Comme une certitude que l’on cherche à ne pas comprendre, comme une urgence que l’on fait patienter. Il y a des livres qui semblent vous parler, qui reflètent votre état d’esprit, font échos à votre vie et deviennent une coïncidence faite d’évidences.
Guerre et Paix reposait dans ma bibliothèque depuis quelques années, comme un vieil album photos souvenirs, attendant patiemment que je daigne l’ouvrir.
Il m’aura fallu le temps que je surmonte ma crainte des quatre volumes et que je me livre pleinement à ce témoin romancé d’une réalité historique.

Guerre et Paix n’évoque pas seulement la mort sur le champ de bataille, ce n’est pas que des stratégies élaborées, c’est aussi l’histoire d’une société prise dans la folle danse d’un conflit européen qui va durer une décennie.

L’histoire commence en douceur, Leon Tolstoi invite le lecteur à suivre les hautes sphères de l’aristocratie russe dans leur quotidien. Petit à petit les personnages sont introduits. On suit nos jeunes héros dans leurs premiers émois, fait de l’inconscience de la jeunesse, loin d’une réalité qui est elle, moins glorieuse.

Les personnages sont des acteurs directs ou indirects de ces guerres. En tant que soldat, citoyen, ils vivent ou apprennent à vivre dans ce climat. Nos héros sont issus de la classe dirigeante : certains sont engagés pour l’honneur, d’autres par devoir et vocation.
Certains aussi s’y refusent non pas par peur, mais par idéologie. Les femmes sont les instruments de ces changements, elles continuent à se faire voir en société, elles nous partagent l’amusement. Pourtant elles souffrent de cette solitude qui n’épargne pas les classes sociales.
On suit, on découvre les intrigues de l’aristocratie.
L’auteur n’hésite pas par les alliances, à critiquer la frivolité ambiante alors que la guerre fait rage.
On cherche à rabaisser Napoléon alors que paradoxalement les princes l’admirent. L’aristocratie est cette part du pays qui va là où le vent tourne.
Tolstoï fait valser, évoluer la société de deux façons :
La première, au rythme des victoires : on se rend compte que la guerre est mise en arrière plan dans cette société qui s’amuse dans ses soirées, ses bals et réceptions. Chaque soldat revenu au bercail semble reprendre goût à la vie. Les mentalités s’autorisent à changer.
Mais la société évolue aussi au rythme des défaites : dans les grandes villes, la vie continue mais les drames ne s’arrêtent pas sur le champ de bataille, nos princes et princesses doivent subir les erreurs de la jeunesse mais aussi la fatalité de la vie. Quand la guerre est aux portes de la vie mondaine, cette dernière devient une réalité presque trop réelle. La société vit la guerre.

L’armée offre un tableau similaire aux civils, tout est question de paraître. Leon Tolstoï propose au lecteur de suivre différentes réactions de soldats. L’auteur n’hésite pas à critiquer l’aveuglement des russes face à une guerre de stratégie. La guerre est en cohésion avec les promesses amoureuses, mais face à la réalité de l’horreur elle modifie les visions.
La Guerre ne trouve pas de responsable. On se sacrifie, on est confronté à la peur. Les classes dirigeantes sont démunies face aux hommes. L’abandon de la capitale est vu avec ironie à travers le regard d’une petite fille.
Les soldats prennent des décisions seules, ils s’insurgent.

Guerre et Paix dresse une satyre de la société mais aussi de la guerre. La jeunesse est utopiste alors que les anciennes familles s'enferment dans leur conservatisme. Des héros profondément tragiques par leurs choix, leurs croyances. Des personnages qui connaissent le doute, l’amour, la joie, la peur et la trahison. Ils sont les outils de la fatalité.

Des personnages qui portent l’histoire et apportent du relief dans ces années sombres. Des héros dans l’erreur, qui trouve le salut dans le pardon, la croyance, la piété. Les femmes prient, les hommes se sacrifient. Un sacrifice aussi bien spirituel que physique : le prix à payer pour la délivrance et la paix sinon du pays, de son être.
Mourir sous la plume de Tolstoï devient un honneur, un mérite. Nos héros doivent subir des épreuves pour retrouver la paix intérieure, le pardon. Les méchants sont sacrifiés en quelques lignes, presque oubliés – plus un honneur mais une ironie.
Ce qui sauve nos héros de la mort, est cette croyance inébranlable en l’amour : l’amour plus fort que tout, on a l’espoir d’un renouveau, d’une première découverte. L’amour est l’héritier d’une passion fulgurante.
Guerre et Paix offre au lecteur des passages haletants et troublants, on s’interroge sur ces sentiments qui traversent nos personnages mais aussi les têtes dirigeantes.
J’ai particulièrement aimé les personnages de Nicolas, Maria et André. Trois portraits très différents mais pourtant qui ont su me séduire. Plus particulièrement Nicolas et Maria qui sont deux personnes passionnées et passionnantes, prêts à se sacrifier par amour et devoir.

L’épilogue permet à l’auteur de nous offrir un travail philosophique sur la guerre, la liberté mais aussi le hasard. La vie est elle une succession de hasard ?

Une fresque magistrale qui met en scène avec virtuosité et donne une vision originale des batailles confrontant les russes à la grande puissance européenne.
Un roman qu’il faut lire pour les enseignements de l’auteur, pour sa vision intéressante et pour le jugement assez neutre de Léon Tolstoï. Guerre et paix peut se lire comme une critique honnête d’un passé proche.
Plus que la guerre, le lecteur suit une saga amoureuse, familiale qui pointe les défauts et les qualités d’une aristocratie obsolète.
Une tragédie moderne qui m’a séduit et fait voyager dans la Russie des tsars. A lire, relire et partager.


Source : * Merci à Alicia pour la redécouverte.

Mon édition de Guerre et Paix date de 1961 - (c) photo de Marmelade de livres

Elle regardait là où il était parti, d l'autre coté de la vie. Et cet autre coté de la vie auquel autrefois elle ne pensait jamais, qui, autrefois, lui paraissait si lointain et si irréel, lui était maintenant plus proche et plus familier, plus compréhensible que ce coté-ci de la vie, où tout était soit vide et ruine, soit souffrance et outrage.

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