La princesse effacée

De : Alexandra de Broca
Edition : Points
Année : 2011
Pages : 403
4ème de couverture :

A la prison du Temple, en 1795, un seul membre de la famille royale oublié de tous, a échappé à la Terreur. C'est Marie-Thérèse de France, fille de Marie-Antoinette et du roi Louis XVI. Pour adoucir sa réclusion, ses geôliers dépêchent auprès d'elle Renée Chantereine, une femme d'origine modeste. Au bord de la folie, la princesse se confie à elle : Pourquoi a-t-elle été emprisonnée sans jugement ? En quoi est-elle coupable ?

Note : 20/20

Mon avis

Ils marchent tous dans les rues, les enfants sont aux balcons... c'est la fin d'une époque, c'est la fin de la monarchie française. Le « Capet » est tombé. C'est la naissance de la République.Alors que Louis XVI et Marie-Antoinette sont l'objet de vives passions aujourd'hui, beaucoup de personnes ignorent la vie, le destin de leur unique héritière, la princesse Marie-Thérèse de France.Méconnue, ignorée – la princesse est comme le titre du roman – effacée. Elle est effacée de l'histoire de France, effacée de la famille royale mais surtout elle s'efface elle même.

Prisonnière de sa tour, la potentielle future reine – se bat pour une chose : la mémoire de ses parents , mais aussi sa dignité. L'époque moderne est de loin celle pour laquelle j'ai le plus de préférences et lorsque j'ai vu qu'un partenariat entre Livraddict et Points proposait cette lecture, j'ai immédiatement fait la demande pour le lire. J'en profite ainsi pour les remercier. La princesse effacée n'est pas un livre d'histoire, c'est une histoire romancée – basée sur beaucoup de faits réels mais aussi d'autres où la limite avec le fantasque est plus fine.

C'est un hommage à la fille de Marie-Antoinette, cette reine tant détestée, incomprise... c'est le récit d'une fille qui souffre dans sa tour, isolée, déconnectée. Une jeune fille qui grandit sans ses parents. Car Louis XVI et Marie-Antoinette, bien que roi et reine sont avant tout des parents. Alexandra de Broca met l'accent sur la nature autre que celle du pouvoir, de la démesure de la famille royale.

J'ai aimé le caractère bien trempé de Marie-Thérèse, malgré toutes ses années de solitudes, l'absence de sa famille. Elle cherche à conservé un minimum d'étiquette. Néanmoins, elle reste une jeune fille fragile qui se confit grâce à l'écriture de ses mémoires et cherche ainsi à réhabiliter l'image de ses parents, dans une France qui commence à oublier le mal de la monarchie. Mousseline n'est plus une enfant et le traumatisme de la révolution a amplifier son mal être face aux parisiens.

Renée Chantereine n'est ni républicaine, ni royaliste. C'est une veuve qui vient en aide à la dernière héritière directe bourbon. Elle guide la jeune fille et va réussir à nouer des liens très fort avec cette dernière. Au cours de la lecture, j'ai été très émue par le comportement de Chantereine, elle se conduit comme une mère mais tache toujours de garder ses distances. Elle fait preuve de bravoure et elle se désole du caractère tragique de la situation. C'est un peu le lien avec l'avant et l' après. Elle a suivit la révolution, la mort des époux royaux, elle a vécu la fin d'une ère monarchique. En veillant sur Marie Thèrese, elle découvre le calvaire d'une jeune fille qui ne reflète plus tout ce que l'on reprochait à l'ancienne monarchie. Renée, voit que l'homme public (le roi) est avant tout un père de famille, qui montre l'exemple et cherche à satisfaire tout le monde.

Louis XVI apparaît dans le roman comme un souvenir qu'a une fille pour un père : un modèle, un exemple. On est loin de l'image du roi idiot à l'embonpoint que se faisait le peuple.

J'ai aimé découvrir ce roi sensible, un roi qui malgré l'adversité à toujours voulu une chose : le bien de tous. Vision utopiste ? Colère trop importante du peuple ? Appropriation de la haute société du pouvoir ? L'histoire ne serait pas celle qu'on connait, si chacun avait su voir en l'autre, ce que demain serait. Revivre les souvenirs de Marie-Thérèse permet au lecteur de plonger au cours d'une période assez mouvementé et d' appréhender ainsi plus aisément l'histoire de la France. J'ai beaucoup aimé l'évocation de ses souvenirs notamment avec Madame de Lamballe ou encore Axel von Fersen.

Marie-Antoinette reste digne malgré la situation, elle reste l'épouse du roi de France. Cela a renforcé la fascination que j'avais pour elle. Avec La princesse effacée, Alexandra de Broca parle du parcours de la jeune femme, un début magique à Versailles, une vie effacée et une résurrection.. Pourtant bien que la royauté ait un renouveau à la suite du directoire, Marie-Thérèse restera a jamais dans les mémoires comme une princesse effacée.

Je conseille vivement cette lecture, qui plaira à beaucoup de monde. Merci encore à Livraddict et les éditions Points.

J'ai aussi lu ce roman dans le cadre d'une lecture commune avec Sofiaportos qui incarne avec excellence la royauté et avec Touloulou
, qui aurait pu nous servir d'interprète suédoise si Fersen avait parlé... (c'est un Suédois et oui !).

Lecture commune avec : Sofiaportos, Touloulou

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