Tendre est la nuit

De : Francis S. Fitzgerald
Edition : Le livre de poche
Année : 2010
Pages : 414
4ème de couverture : De la Côte d'Azur à la Côte d'Azur en passant par la Suisse, cadre d'une évocation nostalgique du passé, les personnages semblent être à peine plus que des fantômes. Gares, cliniques, hôtels... de lieu de transition en lieu de transition, Fitzgerald met en scène un tourbillon de personnages pathétiques et fascinants, arrogants et fragiles, êtres humains voués à demeurer mortels, incapables de prolonger à l'infini le chant divin du rossignol de l'ode de Keats, épigraphe au roman.

Note : 17/20

Mon avis

Qu'est ce que l'amour sinon un doux sentiment que l'on partage avec un être proche ? L'amour est il un produit de grande consommation ? On en abuse, on le vit 24h sur 24h pour après rentrer dans une routine, on ne cherche plus à savoir si on l'a ou pas – est ce la fin de l'amour ? Un amour aurait il une date de péremption ?

Dick et Nicole aiment passer leur été dans le sud de la France – il est jeune beau et elle, elle est dans la fleur de l'âge. Ils ont des enfants mais vivent sous les regards des autres – est ce un couple parfait ? Pourtant le couple vit dans le secret et l'illusion : la maladie de Nicole n'est connue que par eux : elle est à la base de leur amour et elle est un élément de leur rupture.

Tendre est la nuit est considéré comme le chef d'œuvre de Francis Scott Fitzgerald – avec l'auteur, toutes les histoires finissent mal... Peut être que Beigbeder n'a pas tort quand il dit que l'amour dure trois ans ? Pourtant pour Fitzgerald, la passion dure trois ans mais l'amour se finit au bout d'une dizaine d'année. Optimiste ? Ou alors avec ce roman, l'auteur confesse la situation qu'il vit avec Zelda, son épouse

Dick est un médecin talentueux, au physique avantageux qui arrive à séduire la gente féminine sans effort. Il est posé, il protège Nicole et semble vivre un amour intense avec elle. C'est un personnage que l'on cerne difficilement : charmeur au début, en connaissant son histoire, on apprend à l'apprécier davantage puis vers la fin, il semble dépassé par son temps. Ce n'est pas un personnage qui m'a beaucoup embarqué si je le compare à Gatsby ! Mais c'est un très bon spécimen pour l'homme riche des années vingt. Nicole est jeune fille, sur laquelle le temps n'arrive pas à marquer les années. Elle est mystérieuse et il faudra attendre « l'accident » pour apprécier le personnage dans son ensemble. La fragilité qu'elle affiche rend le personnage plus tendre, et la jeune fille égoïste du début se transforme en modèle d'épanouissement personnel. J'ai apprécié ce personnage qui a su du début à la fin évoluer avec grâce. Rosemary, est une starlette d'Hollywood qui vient avec sa mère profiter de l'air marin français, elle est jeune, célèbre et d'une beauté non négligeable. Autant vous dire que très rapidement, j'ai été pris d'affection pour cette jeune fille qui cherche à trouver sa place dans la jet set américaine et européenne. Elle incarne mon idéal de la star des années 20 comme Louise Brooks, Renée Adorée ou encore Fanny Brice. Elle a le physique d'une diva mais le comportement du jeune fille qui devient une femme – so sweet. Tommy est un personnage que l'on apprend à découvrir épisodiquement, mais son rôle est surtout d'avoir su libérer Nicole de l'empoisonnement de son couple. C'est un peu l'antidote au couple, donc je le vois de cette manière.

La Riviera ou comment être proche de Cannes, tout en gardant de la tranquillité est le décor qu'a choisi Francis Scott Fitzgerald, pour son roman : un décor qui n'est pas sans m' évoqué mes souvenirs d'enfance : un endroit où les riches viennent frimés et où le français laisse place à une dizaine de langues étrangères. En lisant Tendre est la nuit, j'ai découvert la Cote d'Azur parmi la jet set et je dois vous dire que mon ressenti est proche de celui de mes souvenirs : la mer, le soleil et l'envie de s'amuser. J'ai eu le temps de quatre cent pages l'envie de revivre mes souvenirs dans une France des années 20 et vivre pleinement mes 23 ans !

Tendre est la nuit offre un décor inhabituel : les soirées de la Jet Set, le rendez vous autour de la piscine, les virées à la plage.. tout un quotidien que le mortel lambda rêverait de vivre.

Mais aussi loin que notre imagination nous porte, Fitzgerald nous fait voyager avec Nicole et Dick : nous allons en Suisse, nous allons en Italie et même à Paris. Gratuitement et sans le poids des bagages, chaque lecteur est invité à vivre une histoire : leur histoire.

Le roman est divisé en trois parties. La première partie présente les personnages principaux, nous vivons chaque instant avec eux : les problèmes, les rencontres, les amours qui se forment, celles qui se déforment. Nous vivons la fragilité du couple. Le second livre évoque le passé du couple : leur rencontre, leur vie, leur amour. Enfin la dernière partie porte sur la remise en question du couple, est ce encore de l'amour ? Nicole est elle guérie ?

Parmi les trois parties, la deuxième est certainement celle qui m'a le plus ennuyé ! Il manquait de l'action, il manquait quelque chose. J'ai adoré la dernière partie qui est riche en rebondissement : la métamorphose de Mary (une amie du couple), la descente en enfer de Dick et ses différents, la résurrection de Nicole, le retour de Rosemary. Une troisième partie qui arrive à conclure avec talent les histoires du roman.

L'infidélité est un sujet encore tabou aujourd'hui, mais il est évoqué par tact dans Tendre est la nuit : peut on aimer quelqu'un différemment, sans rien attendre en retour ? Savoir que l'on plait malgré le temps qui passe ?

S'enfermer dans une maladie, revivre grâce à l'amour. Devons nous être prisonnier de l'amour car il a su nous aider ? Lorsque Nicole arrive à aller au delà de la maladie, Dick lui semble aller plus mal.. est ce pas l'illustration que leur amour n'était qu'une illusion ?

Tendre est la nuit n'est pas le meilleur roman de Francis Scott Fitzgerald mais j'ai quand même passé un agréable moment.

Elle savait qu'elle pourrait toujours frapper à la redoutable porte du rêve, dont elle connaissait le numéro, franchir le seuil d'une évasion qui n'était pas une évasion. Mais elle savait aussi que le pêché le plus grave pour elle, dans le présent comme dans l'avenir, était de s'aveugler elle-même. La leçon avait été rude à apprendre, mais elle l'avait apprise ou bien on réfléchit soi même, ou on laisse les autres réfléchir pour vous, prendre barre sur vous, détourner ou conditionner vos instincts naturels, vous curliser, vous stériliser.

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