La colline aux esclaves

I BE SO GLAD…WHEN THE SUN GOES DOWN
L'homme est l'ennemi de l'homme

De : Kathleen Grissom Edition :  Charleston (2015) Pages : 512 Premières impressions : J'aime beaucoup ce genre de maison et souvent les histoires datant de cette période m'intéressent. Le titre est accrocheur car on se doute qu'il sera question de l'esclavagisme. Mais comment traiter un sujet aussi difficile en roman ? Je curieuse et la quatrième de couverture m'intrigue vraiment. Une chanson pour illustrer : Down to the river to pray de Alison Krauss

CE QUE DIT LA 4EME DE COUVERTURE

À 6 ans, Lavinia, orpheline irlandaise, se retrouve esclave dans une plantation de Virginie : un destin bouleversant à travers une époque semée de violences et de passions... En 1791, Lavinia perd ses parents au cours de la traversée les emmenant en Amérique. Devenue la propriété du capitaine du navire, elle est envoyée sur sa plantation et placée sous la responsabilité d'une jeune métisse, Belle. Mais c'est Marna Mae, une femme généreuse et courageuse, qui prendra la fillette sous son aile. Car Belle a bien d'autres soucis : cachant le secret de ses origines, elle vit sans cesse sous la menace de la maîtresse du domaine. Ecartelée entre deux mondes, témoin des crimes incessants commis envers les esclaves, Lavinia parviendra-t-elle à trouver sa place ? Car si la fillette fait de la communauté noire sa famille, sa couleur de peau lui réserve une autre destinée.

MON AVIS

La colline aux esclaves est un concentré de sentiments divergents, de rage et d’amour.
Un roman qui m’aura bouleversé par la beauté des relations développés mais également révolté par cette injustice omniprésente.
J’ai pris très à cœur la vie dramatique de ces personnages au point de sentir une fureur monter en moi au fur à mesure que j’avançais dans ma lecture et aussi une indignation par l’intolérable condition de vie du peuple soumis et mis en esclavage.
Plus qu’un roman sur une destinée, La Colline aux esclaves dénonce tout en informant aux lecteurs le martyre de ces personnages, traités et relégués au rang d’animaux domestiques.
Katheleen Grissom n’hésite pas à faire subir les pires maux à ses personnages, tout en gardant la pudeur de la suggestion. Le lecteur n'est pas ignorant, il sait que les malheurs subis par nos personnages ne sont souvent pas inventés mais sont des exemples qui découlent de faits réels, de cette histoire controversée que sont "ces années plantations" aux Etats-Unis.

L’auteure prend le parti de laisser la parole à deux de ses personnages féminins, c’est donc par une vision différente mais assez complémentaire que l’on suit la vie dans la plantation de ces deux narratrices qui vont tisser des liens très forts.
Belle, doit vivre avec ses secrets et sa couleur de peau est un obstacle gênant pour évoluer dans cette société raciste.
La jeune femme arrive à travers les chapitres qui lui sont consacrés, à nous faire part de sa situation. C’est avec beaucoup d’empathie que j’ai abordé ce personnage complexe. On a envie de la protéger, de l’épargner mais le lecteur est désarmé dans ce récit, on est spectateur de son sort.
Lavinia est jeune orpheline irlandaise, elle est amenée à la plantation pour travailler sous la responsabilité de Belle. Seul la couleur distingue leurs droits. Par sa couleur de peau, Lavinia se verra offrir un destin différent.
La naïveté enfantine de Lavinia qui ne la lâche pas en grandissant, sa clairvoyance et son intégration dans la plantation, rendent ce personnage attachant.

Pour moi, si les mots tolérance, fraternité mais aussi courage avaient un prénom, il serait Lavinia.

On se rend compte que Lavinia n’a connu que des malheurs depuis son jeune âge et le paradoxe développé par Kathleen Grissom veut que malgré sa couleur de peau elle trouve un réconfort chez les esclaves, ils sont sa famille.

La colline aux esclaves est le théâtre de deux mondes différents qui cohabitent tant bien que mal. Le monde des esclaves avec les employés de maison, ceux des cases, où des personnages attachants s’y développent : je pense notamment à Mama Mae, certainement le personnage le plus réfléchi et le plus sage. Mais aussi Ben, un personnage qui garde en lui une accumulation de violence.
Le monde des propriétaires se résume à la famille Pyke, une mentalité de domination. Une impression omniprésente qu’ils pourraient changer les choses mais que l’attachement aux traditions est trop forte. Un personnage a su retenir mon attention : l’ainé des enfants - Marshall est un personnage ambigu, j’ai fondé beaucoup d’espoir dans ce personnage, mais son comportement, sa personnalité amène le lecteur à avoir des opinions très contradictoires à son sujet.

On suit deux générations mais on se rend compte que les décennies maitres-esclaves arrivent à un point décisif, à un tournant. Le monde des « blancs » commence à se fissurer, des personnes plus tolérantes font leur apparition comme Will Stephens. Malheureusement, ils sont insuffisants et des crapules comme Rankin continuent leur tyrannie.

Un très beau roman qui fut parfois délicat, déchirant même. Il m’est arrivé d’avoir les larmes aux yeux. Kathleen Grissom arrive à mettre les mots sur là où ça fait mal. Un roman captivant profondément triste mais aussi profondément humain.

La violence de certaines scènes illustre parfaitement l'expression « l’homme est un loup pour l’homme », parfois la violence fait oublier à l’homme qu’il est humain.
Malgré une histoire qui m’aura tenu en haleine, je garde une note de déception pour la fin qui n’est pas à la hauteur du récit. Une déception en demi teinte car j’ignore si une autre fin m’aurait convenu.

Pour un premier roman, Kathleen Grissom nous charme avec sa plume délicate et incisive.
Comme captivée, j'ai eu envie de pleurer, de crier, de me venger pour Lavinia et Belle ! Un très bon roman qui se lâche seulement après avoir lu la dernière page.



Les avis des copines Charleston :

"Ce premier roman est indéniablement une véritable réussite tant dans le style d’écriture qui se dévore qu’au niveau du contenu qui plonge entièrement le lecteur dans une histoire qu’il ne voudra plus quitter tant que la dernière page n’aura pas été tournée." - Marine

"Au niveau du style d'écriture, on a un texte fluide, facile à lire, qui permet de s'immerger totalement dans l'histoire. Les chapitres sont courts, et je les ai enchainés sans discontinuer. Je me disais : "encore un chapitre, et puis un autre..." et même si je ne voulais pas terminer le livre trop vite tant j'étais bien dedans, les pages se tournaient toutes seules. " - Helene

"Kathleen Grissom possède une jolie plume, mais ce n’est pas pour cela qu’elle fait dans la dentelle : la cruauté et la violence ont leur place dans ce roman qui cherche avant tout à rendre hommage aux victimes de l’esclavage, et elle le fait avec beaucoup d’émotion que l’on ne peut que partager." - Coralie

"La Colline aux esclaves est le tableau d’un monde oublié, dépeint avec multiples détails passionnants qui lui donne une réalité très forte. Il n’y a pas à dire, notre amie Kathleen a fait son travail de recherches ! On pense évidemment à Autant en emporte le vent, mais cette fois à travers le regard des esclaves, moins futile et presqu’aussi intense. Bref, à lire !" - Marie

"J’ai beaucoup aimé lire ce livre qui sur une solide base historique déroule le destin chaotique d’une jeune fille attendrissante et généreuse !" - Alice

"Pour un premier roman, c'est une réussite pour ne pas dire un chef d’œuvre, je suis comblée et satisfaire il ne m'en fallait pas plus pour me faire fondre en larme le temps d'une lecture. Le contenu vaut son contenant, rien n'est laissé au hasard. Tout se dévore, tout s'accepte et se savoure jusqu'au dernier moment, jusqu'à la dernière page et bien plus encore. " - Marine

Ses mots me rassurèrent, mais, ce jour-là, je découvris une nouvelle réalité et pris conscience d'une ligne tracée en noir et blanc, bien que sa profondeur ne signifiât pas encore grand chose pour moi.

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