La Mer en Hiver

BY SILVER STREAMS THAT RUN DOWN TO THE SEA
Un héritage ancestral en soi

De : Susanna Kearsley Edition :  Charleston (2015) Pages : 464 Premières impressions : Le titre est très poétique et j'aime beaucoup l'opposition de voir une mer en hiver alors que dans l'imaginaire collectif, on associe la mer avec l'été. La photographie utilisait me fait penser au tableau Voyageur contemplant une mer de nuages de Friedrich : période romantique. J'ai hâte de le lire. Une chanson pour illustrer : The Last Goodbye de Karliene

CE QUE DIT LA 4EME DE COUVERTURE

Lorsque Carrie McClelland, auteur à succès, visite les ruines du château de Slains, elle est enchantée par ce paysage écossais, à la fois désolé et magnifique. La région lui semble étrangement familière, mais elle met de côté son léger sentiment de malaise afin de commencer son nouveau roman, pour lequel elle utilise le château comme cadre et l’une de ses ancêtres, Sophia, comme héroïne. Puis Carrie se rend compte que ses mots acquièrent une vie propre et que les lignes entre fiction et faits historiques se brouillent de plus en plus. Tandis que les souvenirs de Sophia attirent Carrie encore plus au cœur de l’intrigue de 1708, elle découvre une histoire d’amour fascinante, oubliée avec le temps. Après trois cents ans, le secret de Sophia doit être révélé.

MON AVIS

"Un amour est un voyage aux confins de soi-même." - Hélène Ouvrard

Ecrire, c’est partager un peu de soi, c’est donner à un lieu, un personnage : l’essence d’une âme. Ce partage nous le faisons naitre de nos souvenirs, nos paroles et nos actes.
Par l’écriture, on met au monde notre sensibilité, notre colère, un fragment de notre être qui devient un roman que d’autres vies vont s’approprier et faire renaitre.
Lorsque Carrie arrive en Ecosse pour poursuivre l’écriture de son nouveau roman, elle décide de passer par Slains, un lieu où le héros de son histoire aurait séjourné. Indéniablement attirée par cet endroit, Carrie a la certitude que son roman doit se dérouler en ces lieux. Un endroit emprunt de magie, qui lui rappelle des souvenirs d’une autre époque, qui semblent venir d’elle mais qui appartiennent à une autre jeune femme.

La Mer en Hiver plonge le lecteur dans une aventure truffée d’obstacles, une déclaration d’amour à cœur ouvert à travers l’inspiration de Carrie, qui nous partage l’histoire de Sophia Patterson comme un souvenir enfoui dans sa mémoire depuis trop longtemps, une quête ancestrale.

Carrie McClelland est une romancière à succès, impliquée dans ses récits à 200%, elle n’hésite pas à parcourir le monde afin de s’imprégner des lieux et donner matière à ses histoires. Indépendante, toujours sur les quatre chemins. Ce séjour prolongé et les événements que va connaître notre héroïne vont modifier son existence. Un personnage sympathique que j’ai immédiatement aimé. Une héroïne simple, qui fait preuve de pertinence dans ses réponses. Une personne obstinée, à l’esprit de famille, qui va grâce à son roman découvrir la vie de son ancêtre Sophia et notamment par l’aide de Graham Keith, un historien avec lequel Carrie semble partager le même état d’esprit.
Sophia Patterson est une jeune femme qui a appris à grandir plus vite que les autres. Une adolescence tragique qui l’entraine de famille en famille jusqu’à Slains où Sophia est recueillit par une tante éloignée. Dans un contexte historique tumultueux, Sophia ne s’imagine pas que la conspiration jacobite va apporter en plus des troubles, un jeune colonel : John Moray. J’ai apprécié le personnage de Sophia qui apporte une sensibilité dans ces temps conflictuels mais j’avoue préférer le duo qu’elle forme avec John.
Les personnages secondaires apportent une intensité dans le récit jusqu’à se demander si leurs intentions sont toujours bonnes. J’ai particulièrement aimé Jimmy Keith pour l’histoire au présent et le capitaine Gordon pour celle se déroulant au XVIIIe siècle.

Plus qu’une fresque romantique, La Mer en Hiver est une fresque historique.
Le lecteur découvre deux récits intimement liés bien que profondément différents.
Le roman invite par son originalité à mettre le lecteur dans la peau du personnage principal. On suit ses doutes, son sentiment de dépassement mais aussi sa détermination à laisser les personnages dicter la trame de l’histoire.

Par la qualité du récit, le lecteur se rend aisément compte du travail de fourmis que l’auteur nous offre pour les recherches historiques. L’Histoire est vulgarisée, présentée à la connaissance de tous.
La Mer en Hiver rétablit des vérités, Carrie reconstruit son passé, celui de sa famille.
Un roman original qui s’interroge sur la mémoire et cela n’est pas dénué de sens. Vivons-nous notre propre vie ou s’agit il d’un perpétuel recommencement ?

Il est impossible de ne pas comparer les aventures du XVIIIe siècle avec celles de Diana Gabaldon. Même si les scènes sont moins osées, j’ai trouvé que le romantisme mis en place par Susanna Kearsley était plus proche de ma sensibilité et pour un roman qui n’est pas une saga, elle frappait fort !

Susanna Kearsley alterne les deux époques et augmente par ce procédé le suspense.
Le rythme va crescendo jusqu'à complétement nous captiver. L’auteur développe beaucoup d’intrigues qui tiennent le lecteur en haleine. La fin m’a moyennement convaincu mais il s’agit du seul reproche que je ferai. L’auteur arrive à valser avec les mots de manière efficace et poétique.

La Mer en Hiver est la mémoire de deux femmes, de deux époques mais avant tout d’une famille. Une course poursuite contre le temps et les souvenirs. Un roman que je conseille. J’ai vécu une palette de sentiments, passant des larmes aux rires ; un coup de cœur.
Comme un château qui deviendrait musée, la vie de Sophia devient un roman émouvant.
Un voyage dans l’inconnu, guidé par le cœur et les souvenirs.

Un grand merci aux éditions Charleston pour l’envoi de ce quatrième roman et pour m'avoir fait découvrir le talent de Susanna Kearsley.
Une Mer en Hiver sera disponible dès Juin 2015. Le titre n'est pas définitif, il est possible qu'il change un peu.



Les avis des copines Charleston :

"Plus qu’une histoire où on se sent happé, voilà un récit qui vous emmène loin de chez vous géographiquement… et temporellement. Par le biais d’une mise en abime parfaitement exécutée, Susanna Kearsley invite son lecteur dans une épopée à travers l’Histoire et l’Ecosse d’une manière particulièrement originale et accrocheuse " - Marine

"Un livre captivant, qui peut autant se savourer lentement comme on boirait une boisson réconfortante devant un feu de cheminée, ou se lire d'un seul coup tant l'on est happé par l'histoire et ses personnages. Nul doute que vous aussi aurez envie de découvrir Slains et ses alentours à l'issue de ce voyage littéraire." - Clarisse

"Vous l’aurez donc compris Comme la mer en hiver est un pavé en or qui se lit d’une traite même pour les réfractaires à l’histoire et les phobiques des pavés. " - Joanna

"j’ai adoré, rien à redire. J’ai été happée par les deux histoires, je n’ai rien fait pendant trois jours, car il fallait que je le finisse. C’est romantique et romanesque, on s’attache aux personnages, on a peur et on est heureux avec eux. L’ambiance du Château de Slain, la mer et la brume un peu à la Daphnée du Maurier donnent envie de prendre le premier avion pour l’Ecosse. " - Marie

Sophia observa un moment les gonflements gris qui s’élevaient et retombaient derrière la fenêtre puis, rompant ce silence confortable, elle déclara, sans se retourner : "Mon père a toujours aimé la mer." Il la regarda avec malice. "Et pas vous. — Je ne lui fais pas confiance. C’est une vue très plaisante en été, mais son visage change radicalement en décembre, un visage que je n’aime pas contempler." Il acquiesça. "C’est vrai, aucune vue n’est aussi mélancolique que celle de la mer en hiver, car elle nous indique que nous arrivons vraiment à la fin de l’année et que tous ses jours sont passés, des jours de joie et de peine qui ne reviendront jamais plus." Il se tourna vers elle et sourit.

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