De : Harald Gilbers Edition : Kero (2015) Pages : 421
Premières impressions : Une couverture très clair qui montre une ruine, une médaille. Le décor est planté, le thriller se déroulera certainement dans un contexte douloureux et dangereux. Le résumé m'intrigue. L'alliance entre un SS et un juif est plutôt originale. Dans quelles conditions ? Ce roman me subjugue mais m'effraye aussi.
Une chanson pour illustrer : GhostTown de Madonna |
Berlin, été 1944. De jeunes femmes sont retrouvées mortes, nues et mutilées, devant des monuments aux morts de la Première Guerre mondiale. Contre toute attente, le SS-Hauptsturmführer Vogler fait appel à Richard Oppenheimer, l'ancien enquêteur star. Pourtant Oppenheimer est juif et donc officiellement interdit d'exercer... Tiraillé entre son quotidien misérable dans une " maison juive " et le confort que lui offre son nouveau statut, Oppenheimer est de plus en plus inquiet. Tous les indices pointent vers un assassin appartenant à l'élite nazie, si Oppenheimer échoue, son destin est scellé. Mais n'est-il pas encore plus dangereux de démasquer le coupable ? Pendant les derniers jours du Reich, les tensions sont à leur comble... Lauréat du prestigieux prix littéraire Glauser du meilleur premier roman policier en Allemagne. |
Un travail historique très précis
Dans ce chaos : cauchemar à ciel ouvert, sous les débris des maisons, derrière une façade effondrée, dans les caves d’un immeuble pulvérisé se cache la peur.
La peur nous tétanise, elle transforme les secondes en minutes, elle nous oblige à penser au pire de l’homme, de l’humanité. On a peur pour sa vie, on a peur des autres.
La peur devient l’ami équilibriste de la vie et de la mort.
La seconde guerre mondiale connait ses dernières heures sur le territoire européen, à cet instant de l’histoire personne ne s’imagine que ce conflit qui dure depuis plusieurs années va cesser et que la paix va être amorcée. A Berlin, où la croyance dans un seul homme par les élites est à son paroxysme, on est loin d’envisager une défaite.
C’est dans ce climat presque apocalyptique que Harald Gilbers décide de placer son enquête. Des femmes mutilées et étouffées sont retrouvées devant des monuments de la première guerre mondiale. Il faut agir au plus vite et éviter un mouvement d’hystérie collective, le peuple berlinois étant déjà profondément touché et effrayé par les attaques aériennes des alliés.
Germania offre un angle intéressant qui renseigne le lecture avec précision sur la vie quotidienne de ces allemands qui vivent au coeur du Reich. Que font ces citoyens ? L’auteur nous offre un travail historiquement minutieux et précis. Le lecteur se plonge rapidement dans l’Histoire.
Mais là, où Harald Gilbers surprend son lecteur, c'est par cette surenchère de l’horreur et ces situations complexes. On ajoute du drame à un contexte difficile. L’auteur n’hésite pas à affaiblir ce parti qui se veut invincible, en pointant du doigt ses faiblesses.
L’enquête sera difficile à mener à cause du contexte, mais aussi par cette méfiance que les élites militaires ont entre elles. Chacun fait la course au pouvoir.
Vogler, un jeune SS promu depuis peu à la capitale, riche de ses idéaux antisémites est chargé de l’enquête. Rapidement dépassé par l’affaire, il ne voit qu’une solution : faire appel à Richard Oppenheimer, un enquêteur qui n’a plus à faire ses preuves mais qui a été destitué de ses fonctions en raison de ses origines juives..
Deux personnages que l’on apprend à connaitre au fur et a mesure, loin d’être irréprochable tous les deux, on apprend à les apprécier et souhaiter presque l’impossible : qu’une amitié se créée ou du moins, un respect mutuel. Vogler par son jeune âge n’a presque connu que cette haine de l’autre et sa rencontre avec Oppenheimer va ébranler ses idéaux sans toutefois mettre de coté ses ambitions. Oppenheimer lui se trouve dépossédé de sa liberté, à la merci d’un groupe d’hommes. Un personnage qui doit en plus de résoudre l’enquête, chercher une solution : fuir le pays.
En peu de mots, de détails, le lecteur saisit les personnalités de nos personnages.
Germania par cette alliance mal assortie, arrive à dégager un message assez fort : la nationalité, les origines ne font pas l’humain, ni l’homme. Qu’il est possible de mettre de coté ses rancoeurs et d’avancer dans une cause commune.
Harald Gilbers livre un roman original car au delà de l’enquête qui occupe le lecteur, on suit la société, les gens qui font Berlin sous le troisième Reich.
Car il faut l’avouer, même si l’enquête est globalement satisfaisante, l’affaire est écrasée par les jeux politiques et la relation entre les deux enquêteurs.
Malheureusement, l’investigation peine à démarrer et elle n’apporte pas de réponses satisfaisantes. Sur l’ensemble de l’ouvrage il ne se passe pas grand chose puis les réponses sont apportées presque simultanément. Les rebondissements apportent un nouveau souffle mais retombent presque aussitôt ! L’affaire devient évidente.
Un autre petit regret concerne l’après, j’aurais aimé connaitre nos deux personnages à la fin de la guerre et savoir ce qu’ils sont devenus.
Globalement, Germania est un très bon roman et j’aimerais beaucoup suivre d’autres enquêtes de Robert Oppenheimer. L’auteur m’a vraiment séduit par son style et par la justesse de ses informations historiques. Un bon policier qui ne révolutionne pas le genre mais qui satisfera de nombreux lecteurs.
19 commentaires:
Tout ça n'a pas l'air très joyeux, je n'ai pas envie de genre de lectures en ce moment :3
Iĺme tente beaucoup ! Tout pour me plaire !
J'adore ce genre de romans et c'est peut-être les seuls policiers que j'arrive à lire. Il me fait penser à une série que j'adore plus que tout, celle de Philip Kerr qui commence par la Trilogie berlinoise. Si tu ne l'as pas lu (mais bizarrement, il me semble que oui), je te conseille cette série. Chaque tome est une petite pépite.
Il a l'air vraiment bien !!!!
@marie : oui pour le coté joyeux, ça n'est pas l'idéal !
@Sunset : j'ai beaucoup aimé mais je regrette que l'enquête s'efface trop.
@Avalon : oui j'avais lu un tome de cette saga et il est vrai que le genre me fait penser à ce roman.
@melleaurel : oui, j'ai bien aimé
Je ne sais pas si je me serais arrêtée de moi-même sur ce livre mais ta chronique donne envie de le découvrir et c'est la deuxième fois que j'en entends parler en peu de temps :)
Hou Hou, Une belle chronique qui me fera acheter ce livre, merci ! @bientôt, Grybouille du "Léa Touch Book".
Je t'ai déjà dit que j'adorais ton choix de gif pour tes articles? x)
Il a l'air bien fichu ce thriller historique, je suis assez curieuse de voir ce que ça donne. Si je tombe dessus à l'occasion, pourquoi pas!
Des bisous!
Je découvre ton blog et apprécie la visite! Très chouette chronique qui fait envie!!
@latete : oui ce roman fut une belle surprise !
@Grybouille : je ne peux que te le conseiller ^^
@Angee : oui franchement le coté historique et l'intrigue est très bien ! Mon regret concerne l'enquete en elle meme
@Celine : merci beaucoup :D
Encore une très bonne découverte grâce à ton blog :) Merci !
Je ne connaissais pas mais tout ce qui se déroule pendant cette période m'intrigue alors pourquoi pas ! Merci pour la découverte =)
Ta présentation de ce livre est convaincante ! Ce mélange de polar, d'enjeux politiques, d'ambition personnel me plait beaucoup. Je note ;-).
@Lea : merci !
@Alsion : de rien, j'ai adoré ce roman ;D
@Kidae : oui, le duo fonctionne à merveille.
C'est sympa d'avoir quelque chose de différent comme ça. Je ne connaissais pas du tout.
@Melliane : oui je ne peux que te le conseiller
Un livre qui pourrait certainement me plaire. Le sujet a l'air plutôt dur, noir, mais l'idée est bonne. :)
J''ai acheté quelques livres sur les guerres mondiales, donc je note celui-là, il pourrait rejoindre ma PAL!!
@little : oui je pense qu'il pourrait te plaire !
@Les femmes : sincèrement, je l'ai trouvé super intéresant surtout pour les recherches sur l'Allemagne pendant la guerre, trop méconnue
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